Spider-cochon

Publié le par beetlejuice

Eh ben ! La compassion et la culpabilité auront pas duré bien longtemps chez mes parents...
Déjà, le retour des reproches parce que je fume, les petites insinuations mesquines, les "t'as mal fait...", les engueulades à propose de l'appart, etc.


Welcome in a Happy Family !!

Et moi, ma réponse, ma réaction ? Me taire, mais dès que quelqu'un pose une question, parler, parler à torrent, de tout, de rien, de nimporte quoi, faire des blagues, trop en faire, rire toute seule... Je crois que là, ils sont bien largués, les vieux, mais ils ne cherchent pas trop de toutes manières...

Et au resto ce midi, avaler, avaler et encore avaler...

Cet après-midi, pas un seul soubresaut, quand ma mère me demande s'il y a des médicaments que je veux récupérer dans l'appartement... Apparemment, elle n'a aucun problème à me voir en contact avec des médocs, sachant que j'ai des trucs pour faire augmenter la tension, des calmants, et pleins d'autre bonnes choses... Ca n'a pas l'air de lui poser de problèmes que j'ais tout ça à portée de main... Aucune importance...
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Le soir, sur une aire d'autoroute : formule maxi pour moi, alors que je n'ai pas faim... J'évite de regarder la bouffe qu'on sert dans mon assiette... Je m'assied avec eux, et je mange sans penser à rien... Le gros silence, un père qui engueule son fils derrière nous, tout le monde les regarde. Je suis mal à l'aise, je galère à chaque nouvelle bouchée, ma mère : "Faut pas te forcer, hein?", mon père en se marrant : "de toutes manières, tu pourras jamais manger tout ça, mais au moins comme ça le gâteau au chosolat sera pour nous..", moi, comme si je rigolais : "attends, tu rêves ! J'vais tout manger qu'est-ce que tu crois..."
Les blagues qui s'enchaînent autour de la table, les discussions nauséabondes qui ne m'intéressent pas, et mon assiette qui me regarde droit dans le blanc des yeux, qui me nargue avec ses frites et sa dinde panée.. Machinalement, ma main descend sur elle : une frite, puis deux, puis trois, puis une poignée, que j'engloutis, que j'enfourne dans ma bouche avec un demi-haut-le-coeur... Tout en chantonnant : "Spider-cochon, spider-cochon, il peut marcher au plafond...", comme un exutoire, un mantra, une prière pour ne pas craquer au milieu des tables de jardin posées au bord de l'herbe, pour ne pas vomir, non pas tout de suite, ne pas crier, non pas tout de suite, ne pas pleurer, non pas tout de suite...
Le père qui demande :
"C'est quoi ce truc débile que tu chantes ?"
La mère : "Mais t'as entendu à la radio ce matin dans la voiture, c'est les simpsons, là, le film, ils en ont parlé..."
Arrive le tour du gateau au chocolat. Respire un grand coup ! Avale une grande gorgée d'orangina ! Etirement des bras... Et la petite cuillère se met en marche pour gravir le truc le plus mastoc que j'ai jamais vu... C'est l'Anapurna, ce truc ! La mère : "Tu vas être malade ! Mets-le dans ta serviette en papier, tu le mangeras plus tard... Fais pas ça pour enquiquiner ton père..."
Moi : "Non, ça va, j'ai encore faim." . Je me hais de le dire, mais c'est pas grave, j'ai l'habitude...

Sur la fin, ça ne descend plus, ça reste coincé entre les machoires engluées dans cette farine au chocolat. Je file les 3 dernières bouchées à mon père... Ma mère veut repartir tout de suite. "Euh.. Là, j'peux pas me lever tout de suite..." Grand blanc... Ma mère se rasseoit... "Spider-cochon, spider-cochon, il peut marcher au plafond"... Vas-y ma fille t'as raison, retiens-toi, ne pense plus qu'à la tête d'abruti total de ce cochon et d'Omer en train de faire le con...

Je réussis à les persuader d'aller aux toilettes sans moi, pendant que je marche dans l'herbe en essayant de fumer une clope... Même elle ne passe pas. Je croise ma mère en allant aux chiottes à mon tour, il faut que ça sorte. Je rentre dans une cabine. J'suis toute seule. Je pose mon sac. Je me penche à peine, vais pour m'agenouiller quelque chose me retient... Je regarde autour de moi : les murs carrelés blanchâtres et gris, le loquet rouge, les tags et les gravures, le papier toilette par terre... Je regarde mes mains qui tremblent, je sens l'odeur de ces foutues chiottes d'autoroute...

Je n'ai pas pu vomir. J'ai juste fait couler une larme dans la cuvette, le temps de m'apercevoir comme c'était triste, comme c'était misérable... Un peu d'eau sur le visage, la casquette vissée sur le crâne et les lunettes aviateurs barrant toute émotion, je ressors... A la recherche de la voiture perdue. J'sais même pas où ils sont garés... J'les retrouve, ma mère : "Tu t'es perdue ?". "Groumpf...", puis "Spider-cochon, spider-chocon, il sait marcher au plafond..." . On me laisse tranquille.
Le reste du trajet, j'aila nausée à mort, je regrette de n'avoir pas vomi..
Mal à l'estomac, le coeur au bord des lèvres, le paysage qui défile.. Je me concentre, je me fixe sur les arbres et les prairies... Vous avez déjà remarqué ? C'est moche un arbre, mais qu'est-ce que c'est beau...
Je fais le vide, avale ma salive, les yeux dans le vague, pas décroché un mot, jusqu'à l'arrivée devant mon ordi... Ouf Naevis2* est là ! On n'a pas été cambriolé, j'vais pouvoir aller bloguer grâce à elle...
Et me voilà, toujours nauséeuse, et silencieuse. Mais heureusement, pas avec vous... Avec vous c'est le silence de l'écriture et le bruit de mon coeur que j'essaie d'ouvrir tous les jours un peu plus, dans l'espoir que ça m'aide, dans l'espoir que l'on m'aide, peut-être, je ne sais pas trop...
 
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*naevis2 : c'est mon ordinateur portable chéri à moi.

Publié dans mamzell-beetlejuice

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T
hey tu nommes ton ordi portable toi? Ma foi je pensais être un taré dérangé... lolCe texte est disons woaw plein de négatif... non??? Mis à part le spider-cochon mdr....Bah moi les humains ils me semblent bizarre pour ça que je préfère les pc... Eux sont simples à comprendre... en tout cas talent pour l'écriture...Bye
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G
il en faut du courage et la vie s'est rempli de trucs qui nous font chier.... et on y passe tous... alors pas de soucis ca va passer c'est comme un sale medicament: un grand verre d'eau et on pense à autre chose....
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D
on peut pas vraiment dire que ce jour là, c'était la grande forme ? pourquoi tous ces médicaments ? tu les prends tu en as vraiment besoin ?ça va mieux depui s? Du moins je l'espère !
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